Notre ami, Maurice Nadeau, éditeur français de Malcolm Lowry, nous a quitté le 16 juin à Paris, à l'âge de 102 ans.
Maurice Nadeau, un homme qui a consacré sa vie à la littérature, aux idées et à l'édition, mais qui n'a jamais voulu tirer profit de cela. Orphelin depuis son enfance, suite à la mort de son père dans les combats durant la première guerre mondiale, Nadeau a pu avoir une éducation solide qui l'a conduit à l'Ecole Normale Supérieure, grâce aux bourses de l'État français. Il a participé à la résistance pendant la seconde guerre mondiale. Il a travaillé avec André Breton, Albert Camus, Jean-Paul Sartre, entre autres. Il a été directeur de collections chez Julliard, Denoël et Robert Laffont. Son mentor dans le monde littéraire a été le surréaliste Pierre Naville, qui non seulement l'a introduit à ce mouvement, mais aussi au trotskisme, après son expulsion du parti communiste français alors très stalinien. Nadeau a écrit une Histoire du surréalisme, un fascinant livre de souvenirs et des essais sur divers auteurs, notamment un sur Sade. En tant qu'éditeur, il a lancé, en France, la carrière d'Henry Miller, en assumant tous les risques juridiques posés par le travail de cet écrivain ; Il a également fait découvrir Coetzee, Gombrowicz, Chalamov, Sciascia, Kerouac, Georges Perec, Michel Houellebecq et beaucoup d'autres écrivains qui ensuite l'abandonnaient pour aller gagner un peu d' argent - ou beaucoup - avec d'autres éditeurs. En 1966, il fonde la revue La Quinzaine Littéraire, magazine indépendant qu'il a dirigé jusqu'au dernier moment, et dans lequel tous les collaborateurs travaillent pour le plaisir et sans toucher un sou. Il dirigeait également sa propre maison d'edition Les Lettres Nouvelles-Maurice Nadeau (fondée en 1977). Il est l'auteur de dix livres, notamment : Histoire du Surréalisme, Gustave Flaubert écrivain, Sade. L'insurrection permanente et Une vie en littérature.
Lowry, Nadeau et le Volcan
Maurice Nadeau découvre Lowry grâce aux recommandations de son ami Max-Pol Fouchet. La version française d'Au-dessous du volcan est publiée en 1949, dans une édition de 1000 exemplaires réservés à un cercle de lecteurs et en 1950, apparait l'édition destinée à la vente. Maurice Nadeau, alors éditeur chez Corrêa (Buchet-Chastel), dirige la collection « Le chemin de la vie », dans laquelle le roman est publié et devient un passionné de Lowry et un grand promoteur de son oeuvre. Cet éditeur, vraiment exceptionnel, considéré comme une des figures indispensables du panorama de l'édition française du XXe siècle, tombe amoureux d'Au-dessous du volcan et devient en quelque sorte l'ambassadeur de Lowry. Au cours de la seconde moitié du XXe siècle, dans ses magazines littéraires (Les Lettres Nouvelles, ainsi que La Quinzaine Littéraire) Nadeau publiera des textes de Lowry (histoires inédites, poèmes) ainsi que des textes sur Lowry. En 1960, trois ans après la mort de Malcolm, Le numéro 5 des Lettres Nouvelles lui est exclusivement dédié: un hommage qui permet de situé un auteur dans son époque. C'est vraiment à partir de sa publication en français que l'œuvre de Lowry se diffuse dans le monde entier et c'est l'étincelle qui permet sa traduction à plus de 30 langues; Raúl Ortiz y Ortiz lui-même, pour la traduction d'Au-dessous du volcan à l'espagnole nous a confirmé avoir consulté l'édition française. Il est important de reconnaître le rôle que Maurice Nadeau a joué dans la diffusion des oeuvres de Lowry, en appuyant divers projets autour de cet écrivain, entre autres, la publication de ses ouvrages posthumes. Une des grandes déceptions de Nadeau, comme il nous l'avait fait remarqué récemment, était de n'avoir pas pu rencontrer Lowry, lorsque ce dernier vivait à Paris au moment de la traduction d'Au-dessous du volcan. Pour la seconde édition d'Au-dessous du volcan (1960), Nadeau écrit un texte d'introduction vraiment merveilleux, qui est devenu, depuis, un classique et qui se réédite continuellement. La traduction en espagnol de ce texte a été publiée en 2012 au Mexique, et apparaît dans le livre Sobre Lowry publié par La Cartonera à Cuernavaca.
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